A l'origine moyen de relaxation et de méditation, la cérémonie du thé (Chanoyu) est devenu un rituel extrêmement précis exigeant des heures d'apprentissage et de pratique.
Pratiquée le plus souvent dans une salle réservée (Chashistu), la cérémonie réunit un nombre limité d'invités. Le partage d'un ésthétisme très poussé et d'une recherche de la simplicité pure ont été à la base des trois principales écoles de Chanoyu : Urasenke, Omotesenke, Mushakôji.
La cérémonie du thé, loin d'avoir disparue, est aujourd'hui couramment pratiquée au Japon. Même les principes du plus célèbres maître de thé, Sen No Rikyûu sont toujours enseignés dans des écoles à travers l'archipel.
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L’habitude d’élaborer une boisson à partir de la poudre de thé a été introduite au Japon depuis la Chine, en même temps que la culture du thé, et ce par le moine bouddhiste EISAI (mort en 1215). Il est probable qu’à cette époque, offrir du thé à Bouddha est devenu une tradition monastique et les moines bouddhistes ont pris l’habitude de se réunir pour y prendre part. En tant que boisson, le thé était idéalisé et considéré comme une potion de longévité.
Plus tard, s’est développé au Japon un rituel dans lequel l’art et la nature devaient être appréciés au travers de délicats et rafraîchissants arômes de thé vert en poudre. Les ustensiles, les rouleaux d’écrits poétiques, les arrangements floraux, les calmes pavillons à thé et les jardins: tout a été étudié et examiné dans les moindres détails. Plusieurs règles et protocoles ont alors été institués pour préserver l’atmosphère de simplicité et naturelle beauté qui permet d’atteindre l’esprit de la cérémonie du thé.
Les fondateurs de la cérémonie du thé tels que Shukô (mort en 1502) et Jôwô Takeno (mort en 1555) ont eu pour successeur Rikyu Sen (mort en 1591) qui a complété les règles fondamentales de ce qu’on appelle aujourd’hui le chanoyu (la cérémonie du thé).
De toute évidence, la cérémonie du thé est conçue non comme simple action de boire du thé, mais comme univers spirituel dans lequel le thé est apprécié en totale sérénité. Au XVIe siècle, le Japon souffre des guerres civiles et c’est à cette époque que les Japonais commencent à rechercher les voies d’une stabilité spirituelle et de la sérénité. Ce besoin de spiritualité entraîne le développement et le parachèvement des règles du chanoyu. En ce sens et bien que le thé soit originaire de Chine, c’est au Japon qu’il donne naissance à une activité esthétique.
Les adeptes de ce rituel esthétique cultivent l’appréciation de la subtile beauté de l’art et de la nature. La cérémonie peut être appréciée de manière solitaire, mais l’une des bases du chanoyu est de convier des invités et d’avoir le plaisir de se réunir autour du thé. Le jardin est joliment disposé et purifié, la salle du thé est simple et décorée de manière artistique, l’encens qui brûle ajoute des odeurs aux fleurs joliment disposées… à partir de là vous pouvez apprécier le calme et partager l’amitié, en oubliant les fatigues de la vie extérieure.
L’esprit du wabi est souvent considéré comme le fondement philosophique du chanoyu. Le wabi peut être considéré comme le fait d’être calme et serein mais c’est bien plus que cela. Nécessitant une prédisposition spirituelle, c’est une attitude globale vis-à-vis de la vie.
L’esprit et l’étiquette prescrits dans la pratique du chanoyu peuvent également aider chacun dans sa vie de tous les jours. Le respect et une aimable hospitalité pour les autres, un maintien naturel et des principes de bienséance, frugalité et simplicité, propreté et ordre, sollicitude et ponctualité… sont certains des fondamentaux du chanoyu qui peuvent également être utilisés dans notre vie quotidienne. Grâce à cela, la pratique de la cérémonie du thé permet de cultiver un regard particulier de subtile beauté.
Source: TakabumiYoshida, Tea Ceremony Omote-Senke Style, Tokyo, Shufu No Tomo, 1961, p. 123-124.